15

 

Loren Smith attendait dans le hall des arrivées de l’aéroport de Washington lorsque les passagers du vol en provenance de Charleston débarquèrent. Elle agita la main pour attirer l’attention de Pitt. Celui-ci sourit. Son geste était bien inutile. Ce n’était pas une femme qui passait inaperçue.

Elle était grande, plus de 1,70 mètre. Ses cheveux cannelle étaient longs mais bien dégagés autour du visage, soulignant ses pommettes hautes et le violet profond de ses yeux. Elle était vêtue d’une robe en tricot rosé aux manches relevées, maintenue à la taille par une large ceinture ornée de motifs chinois.

On devinait sous son élégance et son aisance une hardiesse et une assurance de femme accomplie. Elue de l’Etat du Colorado, Loren accomplissait son second mandat à la Chambre des représentants. Elle éprouvait une véritable passion pour son travail et ses collègues du Congrès la respectaient tant pour ses compétences que pour sa beauté. Elle préservait sa vie privée, évitant les cocktails et dîners qui n’étaient pas strictement nécessaires sur le plan politique. Sa seule fantaisie était une liaison intermittente avec Pitt.

Elle s’avança vers lui et l’embrassa légèrement sur les lèvres.

« Bienvenue à Washington, grand voyageur. »

Il lui enlaça la taille et ils se dirigèrent ensemble vers la livraison des bagages.

« Merci d’être venue me chercher.

— J’ai emprunté l’une de tes voitures. J’espère que tu ne m’en voudras pas.

— Ça dépend, répondit-il. Laquelle ?

— Ma préférée, la Talbot-Lago bleue.

— Le coupé carrossé par Saoutchik ? Tu as des goûts de luxe. Elle vaut plus de 200 000 dollars.

— Vraiment ? Pourvu qu’elle ne se soit pas fait érafler dans le parking. »

Pitt lui lança un regard sérieux :

« Dans ce cas, l’Etat du Colorado aura bientôt un siège vacant. »

Elle se serra contre lui en éclatant de rire :

« Tu t’inquiètes plus de tes voitures que de tes petites amies.

— Les voitures ne rouspètent jamais.

— Il y a aussi quelques autres petites choses qu’elles ne font jamais », répliqua-t-elle avec un sourire mutin.

Ils attendirent quelques minutes parmi la foule, puis le tapis roulant se mit en branle et Pitt récupéra ses deux valises. Iis sortirent de l’aérogare. C’était un matin gris et moite. La Talbot-Lago 1948 les attendait dans le parking. Pitt s’installa sur le siège du passager tandis que Loren se glissait au volant. Le luxueux coupé était une conduite à droite et Pitt avait toujours du mal à s’habituer à rester inactif, assis sur le fauteuil de gauche.

« Tu as appelé Perlmutter ? demanda-t-il.

— Oui, environ une demi-heure avant ton arrivée. Il a été fort aimable pour un homme qu’on tire du lit. Il m’a promis de chercher des renseignements sur les bateaux dont tu m’avais donné les noms.

— Si quelqu’un peut les trouver, c’est bien Julien Perlmutter.

— Il m’a donné l’impression d’un drôle de phénomène.

— C’est le moins qu’on puisse dire ! Attends de faire sa connaissance. »

Pitt regarda le paysage sans parler, ils traversèrent le Potomac en direction de Georgetown. Pitt n’aimait pas cette ville. Les mornes maisons de brique semblaient toutes sorties du même moule. Les voitures encombraient les trottoirs, les caniveaux débordaient d’ordures, les haies n’étaient pas taillées et pourtant le quartier où ils se trouvaient à présent n’était qu’à quelques rues de la zone résidentielle la plus prisée de la région. De petites maisons pleines de gros parvenus, se disait-il.

Loren trouva une place libre, se gara et coupa le contact, ils fermèrent les portières à clef et se dirigèrent vers une demeure située au fond d’une allée. Pitt posait la main sur le lourd marteau de bronze en forme d’ancre lorsque la porte s’ouvrit sur un géant qui devait friser les 200 kilos. Ses yeux bleu clair pétillaient et son visage cramoisi était presque entièrement dissimulé sous une épaisse barbe grise qui se mêlait à ses cheveux. Il ressemblait à un monstrueux père Noël.

« Dirk ! rugit-il. Où étais-tu passé ? »

Julien Perlmutter était vêtu d’un pyjama de soie pourpre par-dessus lequel il avait passé une robe de chambre aux motifs rouges et or. Il étreignit Pitt, le soulevant de terre sans l’ombre d’un effort. Loren était abasourdie. Elle n’avait jamais rencontré Perlmutter et n’avait pas été préparée au spectacle de ce personnage hors du commun.

« Si jamais tu m’embrasses, fit Pitt, je t’envoie un coup de pied là où ça fait le plus mal. »

Perlmutter fut secoué d’un rire tonitruant et il relâcha les 90 kilos de son ami.

« Entre donc. J’ai préparé le petit déjeuner. Tu dois mourir de faim après tous tes voyages. »

Pitt lui présenta Loren. Le colosse lui baisa la main avec une courtoisie tout européenne avant de les conduire dans une immense pièce qui servait à la fois de salon, de chambre à coucher et de bureau. Des milliers de volumes s’entassaient sur les étagères qui s’élevaient du sol au plafond sur les quatre murs. Il y avait des livres partout, sur les tables, sur les chaises et même sur l’imposant waterbed qui occupait une alcôve.

Perlmutter possédait ce que les spécialistes s’accordaient à reconnaître comme la plus belle collection d’ouvrages historiques sur la marine. Il y avait au moins vingt musées qui espéraient se l’approprier lorsque les excès en tout genre auraient expédié son propriétaire actuel dans l’au-delà.

Il invita Loren et Pitt à prendre place autour d’une table faite d’un panneau d’écoutille sur laquelle était disposé un élégant service en argent et porcelaine frappé de l’emblème d’une ligne transatlantique.

« C’est magnifique ! s’exclama la jeune femme avec admiration.

— Ça vient du fameux paquebot Normandie, expliqua Perlmutter. Je l’ai trouvé dans un entrepôt où il était resté depuis l’incendie qui a ravagé le navire dans le port de New York. »

II leur servit un petit déjeuner allemand arrosé de café et de schnaps avec du jambon de Westphalie, du pain de seigle et des croquettes de pommes de terre.

Lorsqu’ils eurent fini de manger, Pitt en vint au but de sa visite :

« Tu as trouvé des informations sur le San Marino et le Pilottown ?

— Quelques-unes. »

Le géant se leva pour aller chercher un volume poussiéreux traitant des liberty ships. Il mit des lunettes et l’ouvrit où il avait glissé un marque-page.

« Voilà, lut-il. Le San Marino, lancé en juillet 1943 par les chantiers navals de Géorgie. Numéro de coque 2356, classe cargo. A navigué en convois dans l’Atlantique jusqu’à la fin de la guerre. Endommagé par une torpille lâchée par le sous-marin U-573. A rejoint Liverpool par ses propres moyens pour y être réparé. Vendu après la guerre à la Bristol Steamship Company de Bristol en Angleterre. Vendu en 1956 à la Manx Steamship Company de New York, pavillon panaméen. Perdu corps et biens dans le nord du Pacifique en 1966.

— C’est donc ainsi qu’il a fini.

— Peut-être pas, fit Perlmutter. J’ai découvert un rapport dans un autre bouquin. Environ trois ans après la date où le San Marino a été porté disparu, un certain Rodney Dewhurst, correspondant de la Lloyd’s à Singapour, a remarqué dans le port un bateau qui lui paraissait vaguement familier. Les mâts de charge avaient une forme particulière qu’il n’avait vue que sur un seul des cargos de la classe des liberty ships. Il a réussi à monter à bord et a aussitôt flairé une escroquerie. Malheureusement, c’était un jour férié et il lui a fallu plusieurs heures peur réunir les autorités portuaires et les convaincre de se livrer à une inspection. Mais lorsqu’ils sont arrivés sur les quais, le navire avait levé l’ancre depuis longtemps. Les douanes l’avaient enregistré sous le nom de Belle-Chasse, battant pavillon coréen, propriété de la Sosan Trading Company d’Inchon en Corée. Sa destination suivante était Seattle. Dewhurst a envoyé un câble pour alerter la police du port de Seattle, mais le Belle-Chasse n’est jamais arrivé.

— Qu’est-ce qui avait éveillé ses soupçons ? demanda Pitt.

— Il avait inspecté le San Marino avant de l’assurer et il était absolument sûr que le Belle-Chasse et lui ne faisaient qu’un seul et même bateau.

— Mais le Belle-Chasse a bien dû relâcher dans un autre port ? intervint Loren.

— Non, répondit Perlmutter en secouant la tête, Il a disparu pendant deux ans et, semble-t-il, a fini à la ferraille à Pusan en Corée, (Il s’interrompit un instant.) Est-ce que ces renseignements peuvent t’aider ? »

Pitt but une gorgée de schnaps avant de répondre :

« Le problème, c’est que je n’en sais rien. »

Il expliqua brièvement comment ils avaient découvert le Pilottown, se gardant de mentionner l’agent S, puis il parla du numéro de série relevé sur la chaudière du cargo et de sa visite à Charleston.

« On a donc enfin trouvé le vieux Pilottown, fit le colosse avec un soupir de nostalgie, Il ne hantera plus les mers du globe.

— Oui, mais il reste encore des questions sans réponse, fit Pitt. Pourquoi était-il équipé d’une chaudière qui, selon le fabricant, avait été installée sur le San Marino ? Il y a quelque chose de bizarre. Après tout, les deux cargos ont certainement été construits dans des cales voisines et lancés à peu près en même temps. L’inspecteur s’est sans doute trompé et a attribué la chaudière à la mauvaise coque.

— Désolé de te contredire, fit Perlmutter. Mais je pense que tu as tort.

- Il n’y a pas de rapport entre les deux bateaux ?

— Si, mais pas ce que tu crois », dit le géant en lui lançant un regard amusé par-dessus ses lunettes.

Il reprit le livre et lut à haute voix :

« Liberty ship Bart Pulver, devenu le Rosthena puis le Pilottown, lancé par l’Astoria Iron and Steel Company de Portland, Oregon, en novembre 1942...

— Il a été construit sur la côte ouest ? s’écria Pitt avec stupéfaction.

— A environ 4 000 kilomètres à vol d’oiseau de Savannah et neuf mois plus tôt que le San Marino ».

Perlmutter se tourna alors vers Loren pour lui demander :

« Désirez-vous encore du café, chère madame ?

— Continuez à bavarder, fit-elle en se levant. Je m’en occupe.

— C’est du café express.

— Je sais me servir de la machine. »

Perlmutter adressa un clin d’œil égrillard à son ami, murmurant :

« Sacrée bonne femme ! »

Pitt hocha la tête et poursuivit :

« Il n’est pas logique qu’un fabricant de chaudières de Charleston expédie sa production à l’autre bout des Etats-Unis alors qu’il a un chantier naval presque à sa porte à Savannah.

— Pas logique du tout, acquiesça Perlmutter.

— Qu’est-ce que tu as d’autre sur le Pilottown ?

— Numéro de coque 793, lut le colosse. Type cargo. Vendu après la guerre à la Kassandra Phosphate Company Limited d’Athènes. Pavillon grec. Echoué avec sa cargaison de phosphates près de la Jamaïque en 1954. Renfloué quatre mois plus tard. Vendu à la Sosan Trading Company...

— Inchon, Corée, acheva Pitt. Notre premier lien entre tous ces bateaux. »

Loren réapparut avec le café fumant qu’elle versa dans les tasses.

« Excellent, la complimenta Perlmutter. Et c’est bien la première fois que je me fais servir par un membre du Congrès.

— Pour en revenir au Pilottown, fit Pitt avec une note d’impatience. Qu’est-ce qui lui est arrivé ensuite ?

— On ne trouve rien jusqu’en 1979 où l’on signale qu’il a sombré corps et biens au cours d’une tempête dans le nord du Pacifique. Après, il est revenu une espèce de légende en surgissant à diverses reprises le long de la côte de l’Alaska.

— Il a donc disparu dans la même région que le San Marino, fit Pitt pensivement. Une autre coïncidence...

— Tu te raccroches à du vent, affirma Loren. Je ne vois pas où tu veux en venir.

— Je suis d’accord avec elle, approuva Perlmutter. Il n’y a rien de concret dans tout ça.

— Moi, je crois que si, affirma Pitt. Ce qui paraissait n’être qu’une vulgaire escroquerie aux assurances est peut-être une couverture masquant des activités bien plus criminelles.

— Pourquoi t’intéresses-tu à cette affaire ? demanda le colosse en regardant Pitt droit dans les yeux.

— Je ne peux pas te le dire.

— Une enquête gouvernementale ?

— Non, j’agis seul, mais ça touche à un projet top-secret. »

Perlmutter abandonna avec bonne humeur.

« Okay, vieux, plus de questions indiscrètes. »

II engloutit une nouvelle croquette puis poursuivit : « Si tu soupçonnes le cargo enfoui sous le volcan d’être le San Marino et non le Pilottown, ça te mène où ?

— A Inchon, en Corée. La Sosan Trading Company détient peut-être la clef du mystère.

— Inutile de gaspiller ton temps. Cette société n’est sans doute qu’une façade, un simple nom sur un registre. Comme avec la plupart des compagnies de navigation, tes recherches pour découvrir les véritables propriétaires aboutiront à une vague boîte postale. A ta place, je laisserais tomber. C’est perdu d’avance.

— Tu ne ferais pas un bon entraîneur, répliqua Pitt en riant. Ton petit discours à la mi-temps dans les vestiaires découragerait n’importe quelle équipe.

— Sers-moi donc un autre schnaps, grogna Perlmutter en tendant son verre. Je vais te dire ce que je vais faire. Parmi mes correspondants, j’ai deux amis coréens. Je vais leur demander de se livrer à une petite enquête sur la Sosan Trading.

— Et aussi sur les chantiers navals de Pusan où le Belle-Chasse a été mis à la ferraille.

— D’accord, ça aussi.

— Merci de m’aider.

— Je ne te garantis rien.

— Je sais.

— Et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ?

— Publier des communiqués de presse. »

  Loren, stupéfaite, leva la tête. « Des quoi ?

— Des communiqués de presse, répéta tranquillement Pitt. Pour annoncer la découverte du San Marino et du Pilottown ainsi que les projets de la N.U.M.A. en vue d’inspecter les deux épaves.

— Et quand as-tu imaginé cette stupide combine ?

— Il y a environ dix secondes. »

Perlmutter considéra son ami avec l’expression d’un psychiatre placé devant un cas désespéré :

« Je ne vois pas ce que tu comptes en tirer.

— Personne au monde n’est à l’abri de la curiosité, expliqua Pitt avec une lueur machiavélique dans ses yeux verts. Il y aura bien quelques-uns des véritables propriétaires de ces bâtiments qui sortiront de l’anonymat des compagnies écrans pour vérifier mon histoire. Et à ce moment-là, crois-moi, ils le regretteront ! »

 

Panique à la Maison-Blanche
titlepage.xhtml
panique a la Maison-Blanche_split_000.htm
panique a la Maison-Blanche_split_001.htm
panique a la Maison-Blanche_split_002.htm
panique a la Maison-Blanche_split_003.htm
panique a la Maison-Blanche_split_004.htm
panique a la Maison-Blanche_split_005.htm
panique a la Maison-Blanche_split_006.htm
panique a la Maison-Blanche_split_007.htm
panique a la Maison-Blanche_split_008.htm
panique a la Maison-Blanche_split_009.htm
panique a la Maison-Blanche_split_010.htm
panique a la Maison-Blanche_split_011.htm
panique a la Maison-Blanche_split_012.htm
panique a la Maison-Blanche_split_013.htm
panique a la Maison-Blanche_split_014.htm
panique a la Maison-Blanche_split_015.htm
panique a la Maison-Blanche_split_016.htm
panique a la Maison-Blanche_split_017.htm
panique a la Maison-Blanche_split_018.htm
panique a la Maison-Blanche_split_019.htm
panique a la Maison-Blanche_split_020.htm
panique a la Maison-Blanche_split_021.htm
panique a la Maison-Blanche_split_022.htm
panique a la Maison-Blanche_split_023.htm
panique a la Maison-Blanche_split_024.htm
panique a la Maison-Blanche_split_025.htm
panique a la Maison-Blanche_split_026.htm
panique a la Maison-Blanche_split_027.htm
panique a la Maison-Blanche_split_028.htm
panique a la Maison-Blanche_split_029.htm
panique a la Maison-Blanche_split_030.htm
panique a la Maison-Blanche_split_031.htm
panique a la Maison-Blanche_split_032.htm
panique a la Maison-Blanche_split_033.htm
panique a la Maison-Blanche_split_034.htm
panique a la Maison-Blanche_split_035.htm
panique a la Maison-Blanche_split_036.htm
panique a la Maison-Blanche_split_037.htm
panique a la Maison-Blanche_split_038.htm
panique a la Maison-Blanche_split_039.htm
panique a la Maison-Blanche_split_040.htm
panique a la Maison-Blanche_split_041.htm
panique a la Maison-Blanche_split_042.htm
panique a la Maison-Blanche_split_043.htm
panique a la Maison-Blanche_split_044.htm
panique a la Maison-Blanche_split_045.htm
panique a la Maison-Blanche_split_046.htm
panique a la Maison-Blanche_split_047.htm
panique a la Maison-Blanche_split_048.htm
panique a la Maison-Blanche_split_049.htm
panique a la Maison-Blanche_split_050.htm
panique a la Maison-Blanche_split_051.htm
panique a la Maison-Blanche_split_052.htm
panique a la Maison-Blanche_split_053.htm
panique a la Maison-Blanche_split_054.htm
panique a la Maison-Blanche_split_055.htm
panique a la Maison-Blanche_split_056.htm
panique a la Maison-Blanche_split_057.htm
panique a la Maison-Blanche_split_058.htm
panique a la Maison-Blanche_split_059.htm
panique a la Maison-Blanche_split_060.htm
panique a la Maison-Blanche_split_061.htm
panique a la Maison-Blanche_split_062.htm
panique a la Maison-Blanche_split_063.htm
panique a la Maison-Blanche_split_064.htm
panique a la Maison-Blanche_split_065.htm
panique a la Maison-Blanche_split_066.htm
panique a la Maison-Blanche_split_067.htm
panique a la Maison-Blanche_split_068.htm
panique a la Maison-Blanche_split_069.htm
panique a la Maison-Blanche_split_070.htm
panique a la Maison-Blanche_split_071.htm
panique a la Maison-Blanche_split_072.htm
panique a la Maison-Blanche_split_073.htm
panique a la Maison-Blanche_split_074.htm
panique a la Maison-Blanche_split_075.htm
panique a la Maison-Blanche_split_076.htm
panique a la Maison-Blanche_split_077.htm
panique a la Maison-Blanche_split_078.htm
panique a la Maison-Blanche_split_079.htm
panique a la Maison-Blanche_split_080.htm
panique a la Maison-Blanche_split_081.htm
panique a la Maison-Blanche_split_082.htm
panique a la Maison-Blanche_split_083.htm
panique a la Maison-Blanche_split_084.htm
panique a la Maison-Blanche_split_085.htm